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Ma vie,Joie et tristesse
4 avril 2006

La relation de couple (2)

Je reviens sur cette phrase : Quel que soit le secteur de la vie, la recherche de sécurité n’est jamais au service de la croissance.

Ici un exemple d'une pression (subtile et souvent inconsciente) afin d'obtenir un sentiment de sécurité en demandant la solidarité comme preuve d'amour, afin de montrer ensuite par quoi cette " pression" peut être remplacée si on veut permettre à la fois le mouvement et la construction dans la relation.

"Si tu m’aimais vraiment, tu me promettrais une solidarité à toutes épreuves." Ce qui peut sous entendre : "tu combleras tous mes besoins"

Marc aime passionnément Lucie depuis cinq ans ans. Ils vivent ensemble depuis trois ans. Dernièrement ils ont acheté une propriété ensemble, tous deux pensants que ce choix les liait encore davantage. Lucie est une mère substitute dévouée pour les deux enfants de Marc. Jusqu’à maintenant, elle a traversée plusieurs tempêtes provoquées par les enfants de Marc ou par la relation tumultueuse de celui-ci avec son ex-femme.

Malgré l'implication et le dévouement de Lucie dans le quotidien et bien que Marc soit démonstratif de ses sentiments amoureux, Marc n'est pas à l'aise dans la relation, Il ne sent pas de sécurité dans leur amour. Pour "s’abandonner" dans la relation il faudrait que Lucie lui promette une solidarité à toutes épreuves. (Ceci est souvent inconscient) il peut juste "sentir" ses craintes, leur couple n'est pas "solide". Il ressent un profond mal aise quand Lucie se montre excédée ou lui fait un reproche, il pense qu'elle ne s'implique pas suffisamment, mais aussi qu'il n'est pas "aimable". L'expression de Lucie lui renvoie l'image d'un être "imparfait"

Lucie n'accepte pas la solidarité à toutes épreuves, elle est généreuse mais pas altruiste, elle désire une relation dans laquelle chacun serait attentif à l'autre. Elle l'exprime parfois avec impatience, parfois calmement mais toujours fermement.

Au fond de lui, Marc sait bien qu'elle a raison : Elle se doit de rester fidèle à elle même et ne peut accepter que ce qu'elle ne peut supporter. Rationnellement, il est tout à fait d’accord avec le point de vue de Lucie, mais au fond il reçoit les explications de Lucie comme un manque d'amour. Sa peur de perdre Lucie ne pourra jamais le convaincre du contraire. La détermination de Lucie lui créait une "insécurité." Sur l'amour qu'elle lui porte.

On peut se demander pourquoi Marc insiste sur cette sécurité de la part de Lucie. Pourquoi il ressent le «besoin», comme il le dit, d’une garantie sur sa solidarité et d'amour ?

Marc pense que la solution à son problème réside dans l’engagement de Lucie à accepter cette solidarité aboslue.. Il pense que s'il obtenait cette solidarité cette garantie d'amour, il pourrait enfin se laisser aller et profiter complètement de l’amour qu’elle lui offre. C’est pour cela qu’il ne peut renoncer à son attente, même s'il reconnaît au fond de lui que c'est déraisonnable et d’impossible à combler.

Mais ce que Marc ne sait pas, c’est que c’est lui qui a un problème d’engagement. C’est sa propre peur de s’engager à fond qu’il projette inconsciemment sur sa compagne.

Marc pense sincèrement qu'il s'est engagée qu'il est "solidaire". Comment pourrait-il penser qu’il n’est pas impliqué à fond dans cette relation alors qu'il “sait” bien qu’elle est la femme de sa vie qu'il travaille dur pour apporter le confort à sa famille. Il lui dit souvent, il se montre tendre et amoureux dans leurs rapports intimes ? Il se plaint du manque si Lucie est absente ?

Toutes ces "preuves" peuvent effectivement être considérés comme les signes d’une forme d’engagement amoureux et de solidarité mais ce que Marc ne fait pas, c’est de "livrer le fond de ses pensées", il ne s'ouvre pas totalement lorsqu'il entend Lucie lui faire un reproche ou exprimer un besoin. Et s'il ne le fait pas, c’est à cause de l’image d’enfant qu’il craint de donner de lui-même. Marc y résiste et ce depuis le tout début de sa relation avec Lucie. (On peut supposer qu’il avait la même attitude dans ses relations importantes précédentes).   

Pourquoi est-il capable de demander une promesse de solidarité (d’amour) alors qu’il se refuse complètement à montrer sa propre solidarité quand Lucie exprime ses besoins ou ses attentes.  Dans ses moments là Marc ne se sent pas à la hauteur, il se voit "nul" dans les yeux de Lucie. Il se met en retrait et Lucie ne se sent pas comprise, car même s'il dit la comprendre, le mutisme dans lequel il s'enferme renvoie Lucie à sa solitude existentielle et ne lui donne pas la démonstration de ce que Marc exige d'elle, "la solidarité".

Demander et ne pas attendre que l'autre devine :

C’est toujours la même chose que fait Marc depuis cinq ans. Il choisit de dissimuler son besoin d'être rassuré (sur sa propre valeur) face aux reproches de reconnaître ou comprendre réellement les raisons de l'insatisfaction que Lucie exprime et c’est justement ce qui l’amène à un blocage. Pourquoi continue-t-il de faire ce choix, malgré la stagnation qu’il constate assurément dans son cheminement à ce sujet ?

Pour comprendre, il faut faire la différence entre une demande d’implication de l’autre et l’implication de soi par l'expression d’un besoin, affectif ou d'assurance. C’est un piège dans lequel tombent sans s’en rendre compte même les plus amoureux. (Ils n'osent pas montrer leur besoins, leurs vulnérabilités.)

Une partie de l’explication réside dans le fait qu'il est relativement normal pour beaucoup d'entre nous, de vouloir être aimé et soutenu pour tout et pour toujours. D'autre part les "demandes" de besoins affectifs sont souvent jugés "infantiles" ; ils sont signe de faiblesse pour la plupart des gens. Laisser voir de tels besoins, c’est se montrer vulnérable.

S'investir dans la relation c'est essentiellement rester soit même :

Pour Marc, comme pour la plupart des gens, le risque dans le fait de dévoiler ses ressentis est trop grand. Et si Lucie le rejetait parce qu’il se montrerait comme un enfant en besoin d'amour ou d'assurance ? Marc est habité par cette peur chaque fois que surgit en lui le besoin d’être rassurée sur l’amour de Lucie. Il leur arrive parfois de réfléchir sur le sujet mais chaque fois Marc se garde de se livrer complètement. Il transforme son besoin en demande implicite, (de faire le premier pas après leur querelle puisqu'il se sent incompétent après les reproches) qui lui montrerait que finalement malgré les insatisfactions qu'elle a exprimé elle l'aime. Il "impose" par une distance subtile une pression à sa conjointe plutôt que risquer de se compromettre totalement. Attitude que Lucie prend pour de l'incompréhension et de la froideur.

En fait Lucie attend l'expression d'une compréhension de la part de Marc et lui attend d'être rassuré sur sa valeur après avoir entendu les reproches.

En fait Marc au lieu de choisir le retrait Marc devrait plutôt exprimer l'insécurité qu'il ressent (parce qu'il pense qu'elle est en colère "contre" lui)

Marc "considère" les démonstrations affectives comme infantilisante, c'est comme s'il devait pour le faire renier l'homme pour être l'enfant. C’est d’autant plus vrai qu’il éprouve souvent ce besoin de se faire rassurer. À ses yeux, de tels propos n’ont aucun sens dans une relation entre adultes car ce sont des insécurités d’enfant.

En fait en ne s'exprimant pas non seulement il ne s'investi pas totalement (puisqu'il masque une partie de lui), mais il ne s'autorise pas à évoluer.

Il est important qu'il en prenne conscience, Il doit devenir capable d'exprimer ses ressentis pour évoluer. Il se rendra alors compte qu'en fin de compte Lucie l'aime vraiment et qu'elle a aussi besoin de lui.

Tout serait tellement plus simple si Marc parvenait à exprimer ce besoin chaque fois qu’il apparaît pour lui permettre de se développer dans cette relation, et préserver la vitalité du couple, et aussi, pour établir la relation avec Lucie sur ses bases réelles. Enfin et surtout, une telle expression rendrait énormément plus efficace sa conquête du droit à "être lui-même".

En effet, les besoins vécus par Marc dans cet exemple ressemble à un transfert. Lucie prend alors une valeur de mère substitute aux yeux de Marc. Il attend de d'elle ce qu’il n’a pas suffisamment obtenu dans son enfance : la confirmation de fait qu’il est un être aimable. Sans s’en rendre compte, Marc répète avec Lucie la même attitude distante qu’il prenait avec sa mère insuffisamment "disponible" pour lui. Il restait muet de peur de s’imposer. Aujourd’hui, avec Lucie, il tait son besoin pour des raisons similaires, il pense que Lucie pourrait trouver son besoin 'infantile" et le rejeter.

Paradoxalement la peur du rejet amène Marc à ressentir encore plus ses peurs, ne plus avoir l’amour de Lucie, Il s’imagine qu’elle peut le quitter, il a souvent ces craintes et il craint que cet amour ait une fin. Ces craintes deviennent une autre raison pour laquelle il lui semble dangereux de s’exprimer sans une "véritable garantie" de solidarité.

En fait Marc a justement adopté la méthode la plus sûre pour que sa relation se détériore.

Se tenir sur la réserve ou la défensive ; faire pression (par son mutisme) sur Lucie pour qu’elle s’engage davantage en allant vers lui et en le rassurant sur sa valeur. Et aussi en évitant d'exprimer ses ressentis.

Ce n’est pas le fait d’exprimer ses besoins à son (sa) partenaire qui le/la fait fuir.

Ce sont les demandes implicites qu'on lui fait au lieu d’assumer ouvertement nos propres besoins. Ce sont les pressions implicites (par la distance ou le mutisme) qu’on lui fait subir pour qu’il nous donne ce qu’il ne peut nous donner : la valeur (Qu'on ne se donne pas soit même). La promesse d’une constance dans sa solidarité, l’assurance qu’on aura été la seule bonne personne dans sa vie, autrement dit, "l’exigence" qu’IL nous valorise plutôt que de Nous valoriser nous-mêmes. Lucie pourrait comprendre la "confusion, le transfert" de Marc, si celui-ci veut bien en prendre conscience. Elle n'est pas sa mère, Marc ne doit pas avoir avec elle le comportement qu'il a eut dans son enfance face à une femme qui n'était pas Lucie. Il faut que Marc ne donne pas à Lucie la mission, le poids, le devoir de le délivrer de ses réflexes. Il doit prendre conscience que sa mère n'est pas Lucie et que Lucie n'est pas sa mère.

L’expression réussie par Marc dans son besoin d'être rassuré dans cette situation, voudrait qu’il montre à Lucie l’importance réelle qu’elle a pour Lui. Il lui exprimerait ses réactions émotives à propos de son besoin d’être "revalorisé" chaque fois qu’il en ressent le besoin c'est-à-dire surtout quand Lucie se plaint. De plus, dans la mesure où il prendra conscience de confondre Lucie et sa mère, Il reconnaîtra cette réalité afin d'améliorer ses attitudes. Il est fort possible aussi que la prise de conscience de cette "confusion" allège la responsabilité à laquelle Lucie pourrait se contraindre.

Voici donc une forme d'expression que pourrait adopter Marc face à Lucie.

-Je tiens à toi, chaque fois que tu me reproches quelque chose ou que tu exprimes une insatisfaction, je crains de te perdre (même si je sais que c’est insensé). Je ne me sens pas à la hauteur J'ai peur que tu ne m'aimes plus, même si tu m’affirmes l'inverse.

-Si tu t’éloignes, j’ai peur que tu te détaches de moi (même si ça n’est jamais arrivé jusqu'a ce jour).

-Si je te perdais, mon amour, ce serait la catastrophe, en échec pour moi. Etc...

Saches aussi que je ne te demande pas de me donner ce que tu n’as pas envie spontanément de me donner parce qu’il s’agit de Ton expression. Je veux seulement te signaler que tu as toute cette importance pour moi. Et que je comprends que tu peux avoir des insatisfactions.

Il ne faut jamais oublier que dans la relation, la communication est de la plus haute importance. Devant l'expression des reproches ou des insatisfactions de l'un, l'autre ne doit pas zapper la phase de compréhension, de compassion ou d'empathie. Ensuite on passera à la recherche de solutions ou de compromis. Zapper l'écoute et la compréhension c'est se concentrer sur Son propre ressenti face à la situation (je suis nul, je ne sais pas la combler, je suis impuissant, je ne sais pas faire etc.…) et ne pas prendre l'expression du mécontentement de l'autre comme "légitime". --

En agissant ainsi, Marc contribuera justement à se donner le "droit d’être lui " qu’il voudrait obtenir de Lucie. Il s’accorde un droit qu’elle ne serait jamais capable de lui donner, le droit d’exister vraiment en contact avec ses ressentis, mais aussi avec sa mère et avec tous ceux qui en sont les substituts ou les équivalents.   

J’ai souhaité montrer ici l’importance de faire la différence entre la demande implicite faite à l’autre et notre propre expression d’un besoin.

Chaque fois qu’il s’agit d’un besoin affectif, chaque fois que celui-ci est vécu dans une relation on ne peut ignorer l'importance de ce type d’implication personnelle. C’est prix à payer pour assurer notre développement psychique et aussi la construction d'une bonne relation ainsi que notre propre croissance face aux autres.

Ces besoins sont toujours présents dans une relation amoureuse. Les exprimer uniquement d'une manière indirecte, c'est semer les graines du blocage, l'incompréhension ou la destruction de la relation en détruisant sa vitalité. Si à l'inverse on assume d'exprimer ses ressentis il en résultera un épanouissement et un sentiment de complicité face à l'autre.

Dans une relation à deux, l'autre n'est pas notre ennemi mais un allié auquel on doit pouvoir exprimer nos peurs, nos vulnérabilités sans crainte du rejet. Qui aimerait un être totalement parfait ? Si tant est qu'il puisse exister !

A suivre…

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Commentaires
A
merci Gourmande pour cette reflexion qui me touche en plein...<br /> et je partage le recul d'Idéaliste.<br /> problème: comment initialiser une telle spontanéité de dialogue quand depuis le départ la relation du couple s'est construite avec ce contrat implicite des non-prononcés mais supposés par une pseudo compréhension mutuelle?<br /> quand on a toujours vécu en supposant la pensée de l'autre sans la formuler, et aussi sans formuler sa propre pensée (de peur de se dévoiler immature? de peur de s'en ressentir moins "aimable"?)).<br /> pour ma part je suis dans ce blocage depuis des années...sur la question de mes désirs sentimentaux avec ma femme.
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I
Réflexion riche et très intéressante...<br /> <br /> Il y a cependant un côté "idéal" dans ce que tu décris et il me semble que rares sont les personnes qui savent exprimer ainsi leurs ressentis, tout en étant capables d'écouter ouvertement ceux de l'autre !<br /> <br /> Car toute la difficulté, quand on se connaît suffisamment pour se dire en étant "vrai", c'est que chaque autre est un potentiel réactivateur de mécanismes inconscients... donc propices au refoulement, au blocage, aux tensions. Et la belle assurance est alors menacée.<br /> <br /> Oser être soi est un défi constant, toujours confronté à la différence de l'autre. C'est passionnant, mais loin d'être facile.
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