Abandonner ce que l'on traîne...
Je viens de lire sur le blog de Tristana ce qu'elle éprouve, ressens, au seuil de sa séparation avec son mari.
Il y a quelque chose de beau dans sa découverte et pourtant aussi quelque chose de tellement douloureux. Certes, c'est dans une crise de vie importante qu'il est en général temps de prendre du recul et de ne pas focaliser uniquement sur ce qui est difficile à vivre au présent, mais sur le pourquoi on en est arrivée là. C'est ce que Tristana décrit si bien, elle appelle ça les casseroles qu'elles traînent depuis l'enfance.
Or je me suis toujours interrogée sur (je reprends son mot) ces casseroles. Pourquoi avons-nous tous notre lot à traîner, pourquoi n'apprenons nous pas au fur et à mesure que passe les années, à regarder en arrière et à grandir sans qu'il y ait forcement une crise de vie.
Je pense que simplement parce qu'il est dans la nature humaine de ne pas se poser de question quand tout va bien, et soudain s'interroger quand ça va mal.
J'ai eu malheureusement l'expérience de vivre deux couples, le premier je l'ai commencé très jeune, et là je n'avais jamais regardé mes casseroles derrière moi. Lorsque ce couple est arrivé à "épuisement", lorsqu'il est devenu si plat qu'il n'avait plus raison d'exister, j'ai regardé derrière, j'ai découvert ce que Tristana découvre aujourd'hui, ce que beaucoup de femmes et d'hommes découvrent seulement à l'age adulte, lorsque la maturité s'installe.
J'avais à peine trente ans lorsque mon premier couple s'est éteint. J'ai donc eu l'opportunité de devoir regarder derrière assez tôt dans ma vie. J'ai reconstruit un couple, celui-ci est mort "accidentellement" dix sept ans après être né.
Pourquoi est –il mort ? N'étais-je pas assez vigilante malgré ce que je savais. Je ne crois pas. Dans ce couple j'y ai mi toute mon âme, j'ai jour après jour regardé ce qui allait bien et ce qui allait mal, j'y ai veillé dessus comme une poule veille sur ses poussins. Mais ça n'a pas suffit, mon partenaire n'y veillait pas aussi bien que moi et un jour il a pris une mauvaise route.
Je n'ai pas su, pas pu sauver ce couple. En fait je pense qu'il n'y avait plus rien à sauver, parce que pour sauver un couple il faut être deux à le vouloir. J'ai donc seulement pu faire au mieux pour me l'extirper du fond de mon cœur. Faire au mieux pour éviter que la rancune, et l'amertume gagnent du terrain dans mon esprit. Cela j'ai pu l'éviter parce que j'avais compris déjà depuis longtemps que les souffrances de l'enfance remontent à la surface un jour ou l'autre et que c'est la construction de notre être, de notre âme, qui guide nos pas vers la vie.
Je pense que j'étais construite, j'ai pu me polir tout de même après cette deuxième séparation. J'ai cherché à savoir ce que je voulais vraiment dans la vie après ce deuxième "échec", mais j'en ai conclus que je veux la même chose qu'à vingt ans. "Un couple solide, solidaire, complice" Il ne s'agit pas de vouloir créer un couple dépendant, il ne s'agit pas de vouloir s'aliéner à l'autre ou l'aliéner à moi, il ne s'agit pas d'imposer une exclusivité ou au contraire une liberté. Je pense que le vrai couple uni, c'est le couple qui sait se parler, se regarder se comprendre, mais pour se comprendre il faut aussi communiquer, alors je dirai que les bons couples, ceux qui durent, sont ceux qui ne cessent jamais de communiquer.
Or il arrive souvent qu'un couple reste vivant pendant bien longtemps et puis se sépare, et c'est là, lors de ce processus de séparation que chacun des deux s'ouvrira, communiquera, expliquera ses erreurs, reconnaîtra ses faux pas, et parfois, de plus en plus je crois, la séparation arrivera entre deux "amis". Oui l'amitié prend le pas sur l'amour, ou du moins une certaine "complicité" naîtra. L'un et l'autre fera son chemin sans rancœur, sans amertume, mais il est tout de même dommage de constater que cette "amitié" qui sera née d'une crise, n'ait pas pu voir le jour avant que l'ouragan arrive.